La douleur et la souffrance sont deux choses différentes. Si nous faisons tous l’expérience de la première, pour la seconde c’est une autre histoire. Parfois utilisé comme synonyme ou antonyme en fonction du contexte, ces deux termes ont des sens similaires tout en ayant quelques nuances. Quelle conséquence dans la pratique ? Un petit exemple par l’ultra-marathon.
Quelques définitions :
La douleur est actuellement définie par l’IASP comme ceci : « la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes ».
La souffrance elle est plutôt décrite ainsi : « Douleur physique ou morale, état de celui, de celle qui souffre ».
Nous pouvons voir que les deux sont liées mais sans qu’elle ne se recoupent pas parfaitement. La souffrance est un affect à valence négative et recouvre l’aspect désagréable de la douleur. Pour autant, la douleur n’est pas toujours ressentie comme une expérience toujours désagréable du fait de la composante motivo-affective et tout dépend du seuil de tolérance conditionnée par celle-ci. L’aspect culturel a aussi son importance.
Ainsi, il est possible d’avoir une douleur sans forcément en souffrir. Dès lors, comment mettre ça en pratique ?
L’exemple des ultra-marathoniens
L’étude porte sur les pratiquants de l’ultra-marathon (plus de 42km). On constate que la plupart de ces derniers malgré une intense utilisation de soin pour des douleurs arrivent à finir leur compétition.
Les chercheurs ont collecté sur les 204 participants d’un marathon de 6 jours, 250 km, à travers les déserts du Sahara, de Gobi et d’Atacama :
- Le niveau de catastrophisation,
- Appréhension de la douleur,
- Peur-évitement,
- Ignorance de la douleur,
- Intensité de la douleur,
- Perturbations dues à la douleur.
Les pires douleurs relevées comme les perturbations restent d’intensité moyenne avec de bas niveaux de stratégie mal adaptative. En revanche, dès qu’un compétiteur montre des niveaux élevés de catastrophisation, d’appréhension, de peur-évitement, et/ou d’ignorance de la douleur on note également des niveaux élevés d’intensité de douleur et de perturbations (p<0,05).
Il apparait que les compétiteurs quand il affronte des douleurs modérées, ils ont moins recours à de mauvaises stratégies d’adaptation montrant une meilleure gestion de la douleur et limitant la souffrance. En revanche, lorsque les ultra-marathoniens n’adopte pas les bonnes stratégies, ils éprouvent des douleurs bien pire avec bien plus de perturbations.
Ce résultat est à rapprocher d’une précédente étude que nous vous avions précédemment décrite qui montrait que le sentiment d’auto-efficacité était un bon indicateur du risque d’abandon en cours de saison. Ainsi, il apparait que ce dernier associé aux stratégies d’adaptation permet un meilleur suivi de la gestion de la douleur de l’athlète.
Source :
Alschuler K et al, Pain is inevitable but suffering is optional: Predictors of pain in multi-stage ultramarathon runners, The Journal of Pain, Volume 19, Issue 3, S50 – S51.
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