De nombreuses publications sortent sur ce sport qui a toujours le vent en poupe. Afin de se tenir à jour, nous vous avons fait une rapide synthèse de plusieurs articles sortis récemment. Possible lien entre certains types de running et le risque de blessure, effet de la course sur la densité osseuse, facteurs d’abandon chez les habitués du trail, et étude de l’asymétrie de foulée en fonction de la vitesse de course sont au programme. Suivez le guide c’est par ici.
Et si certains types de chaussures running augmentaient le risque de blessure pour les coureurs à pied ?
C’est la conclusion d’une étude récemment publiée. Une équipe a mesuré l’effet mécanique de chaussure maximaliste pour la course (avec une semelle très amortissante pour l’arrière et l’avant pied) sur un groupe de 15 coureuses à pied.
L’expérience se compose de 2 sessions de test (chaussure neutre vs chaussure maximaliste), avec un intervalle de 7 à 10 jours entre les deux sessions. Lors de chaque session, les données biomécaniques (impact peak, loading rate, peak eversion) sont relevées. L’équipe utilise une plaque de force et le système de motion capture Vicon. Les participantes sont invitées à effectuer 5 km de courses sur un tapis roulant. Ainsi, les mesures sont effectuées avant et après la course sur le tapis roulant.
Contrairement à ce qui pourrait être attendu avec une telle paire de chaussure, ces dernières augmentent la force d’impact reçu. Celle-ci entrainent aussi un taux de mise en charge plus élevé par rapport à une paire de chaussure neutre. Or, ces facteurs mécaniques sont généralement associés avec un risque plus élevé de blessure. Ainsi, cela doit faire déconseiller ce type de chaussure pour des débutantes dans la course à pied.
L’équipe de recherche va prochainement effectuer la même recherche sur des hommes afin de voir si ce résultat peut être étendu à une plus large population.
Source:
Pollard CD, et coll, Influence of maximal running shoes on biomechanics before and after a 5K run, Orthopaedic Journal of Medecine, 2018, 6(6): 2325967118775720 (en Open access sur pubmed)
Effet de la course à pied sur l’ostéopénie
Une équipe de recherche a recruté un échantillon de 25 jeunes coureurs. Celui-ci va être réparti en 3 groupes en fonction de leur niveau d’entrainement durant les 3 années précédentes (non-entrainé, amateur, confirmé). La différence entre les deux derniers groupes porte sur le type d’entrainement suivi. Plus précisément, Le groupe amateur ne doit pas avoir fait d’entrainement d’endurance, là où le groupe confirmé fait 32 km de course/semaine avec un entrainement d’endurance par semaine.
Il en ressort que le groupe des coureurs à pied confirmés a une densité osseuse bien plus importante que les deux autres groupes. Il faut aussi remarquer que l’impact de ce niveau de sport est variable selon les zones mesurées par l’ostéodensitométrie. Ce résultat est probablement du à l’entrainement d’endurance.
Notons que l’âge des participants ne permet d’étendre la conclusion à des populations plus âgées ou d’autres facteurs sont à l’œuvre (hormonaux, diététiques etc…). Néanmoins, il parait intéressant de proposer en amont un sport dont l’effet est connu pour renforcer la masse osseuse pour prévenir l’ostéopénie mais la course à pied en loisir seule semble insuffisante.
Source :
Duplanty AA, et coll, Resistance training is associated with higher bone mineral density among young adult male distance runners independent of physiological factors. J Strength Cond Res, 2018, 32 (6): 1594-1600.
Pourquoi un ultra-trailer abandonne ou non ? Petit tour dans les facteurs psychosociaux prédisposant
Lorsque l’on suit des patients sportifs préparant des épreuves difficiles comme des compétitions de haut niveau ou exigeantes, il n’est pas rare de voir que beaucoup d’éléments peuvent amener à un échec.
De fait, il est intéressant de s’intéresser aux facteurs psychosociaux qui conditionnent cette limite de la performance. Une étude sur 221 athlètes volontaires leur a proposé de remplir un questionnaire pour mesurer les variables motivationnelles, la théorie du comportement planifié, les stratégies d’adaptation dans le sport.
Ainsi, les sportifs qui terminent l’ultra-trail ont de plus haut score d’auto-efficacité et d’intention de terminer la course. Mieux encore, il y a une corrélation statistiquement significative entre le nombre de courses terminées et :
- Le sentiment d’auto-efficacité,
- L’intention de finir la course,
- Une approche maitrisée d’un objectif
- Des stratégies d’adaptation en cherchant un soutien dans son tissu social,
A contrario, un taux d’abandon est statistiquement corrélé avec une stratégie d’adaptation basée sur l’appréhension.
En conclusion, tout accompagnement thérapeutique qui renforce le sentiment d’auto-efficacité est à privilégier dans la prise en charge du sportif.
Sources :
Corrion K, et coll, Psychological factors as predictors of dropout in ultra-trailers, PLoSOne, 2018, 13(11): e0206498 (Disponible en open access).
La vitesse de course a-t-elle une influence l’asymétrie mécanique des jambes ?
La notion d’asymétrie est souvent considérée comme dysfonctionnelle voir à risque de blessure dans une partie de la littérature sportive et ostéopathique. Une équipe a tenté de déterminer le lien entre le degré d’asymétrie en fonction de la vitesse de course. Ceci est complété aussi par la mesure d’un ensemble d’autres paramètres biomécaniques.
Les mesures ont été effectués sur 9 athlètes de course de fond, sans blessure, bien entrainés. Elles se font à 7 vitesses différentes sur un tapis roulant pendant 60 secondes chaque fois (avec un intervalle de 90 secondes de repos). Chaque mesure se compose de l’analyse de 10 pas, et l’asymétrie est calculée sur un score allant de 0 à 100%.
Ainsi, l’augmentation progressive de la vitesse de course de 10 à 25 km/h entraine sans surprise une diminution des temps de contact, une augmentation de la fréquence des pas, et une augmentation de la longueur du pas. Les valeurs pour le pic de force, et la moyenne des taux de charge, et la raideur verticale ont quasiment doublés. Cependant, la raideur du membre inférieur est restée, elle, inchangée. Les scores d’asymétrie n’ont pas dépassé les 2% pour la question du temps de contact, le temps aérien, et la fréquence de marche.
Concernant le pic de force, le taux de charge, la raideur verticale et la raideur du membre inférieur, le score d’asymétrie reste respectivement aux alentours de 4,6%, 5,3%, 8,8% et 1,6%. Il n’y a pas d’influence de la vitesse sur le score d’asymétrie. Ce résultat est valable quelque soit la variable étudiée. Plus encore, ça l’est malgré le fait que l’augmentation de la vitesse demande une adaptation plus importante pour le corps du coureur.
En conclusion, chez des sportifs de bon niveau, sans blessure, le score d’asymétrie est bas. Ce score n’est pas influencé par la vitesse de course. L’échantillon restant faible, les résultats sont à prendre avec prudence et ne peuvent être extrapolés à d’autres niveaux d’entrainement en course à pied.
Sources :
Girard O, et coll, Running velocity has non influence in lower limb mechanical asymmetry, Journale of science and medicine in sport, 2018, 215: S5-S76.
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