Le stress en tant que pourvoyeur de pathologie chronique ce n’est pas nouveau, mais il reste difficile d’amener un schéma précis de son action à court, moyen et long terme sur la physiologie générale. Le concept de charge allostatique permet entre autres d’apporter un modèle de réflexion pour cette problématique. Profitons d’une publication pour détailler un peu plus les choses !
Petit rappel
La charge allostatique est un concept relatif à l’état d’allostasie (qui est un état d’équilibre). Celle-ci se réfère aux conséquences négatives du stress de l’organisme qui s’accumulent avec le temps. En somme il s’agit d’une adaptation aux conditions de stress et donc d’équilibre dynamique. Plus la charge augmente, plus la position d’équilibre change et peut s’éloigner de la position d’équilibre physiologique (homéostatique). La répétition dans le temps de stress va amener le corps à épuiser des capacités d’adaptation faisant le lit pour certaines pathologies chroniques (diabète, hypertension etc.).
C’est donc un concept intéressant dans le cadre de suivi de patient avec des pathologies chronique mais aussi en prévention de celle-ci. Le point central de ce concept tourne autours des mécaniques d’adaptation et du rôle du cerveau en tant que chef d’orchestre.
Charge allostatique et comportement à risque
Une revue systématique s’est intéressée à l’association réelle ou non de la charge allostatique avec des comportements à risque pour la santé. Il est ressort un certain nombre d’élément plutôt intéressant à connaître pour la pratique clinique.
Régime alimentaire :
Concernant les comportements alimentaires et l’obésité, il apparait que les deux sont liés à la charge allostatique. Ainsi, une consommation carnée et grasse est significativement liée à la charge allostatique là où un régime plis traditionnel de riz, d’huile et/ou de haricot ne l’est pas. Chez les patients diabétiques, la trop grande consommation de sucre est liée à la charge allostatique mais ce lien n’est pas flagrant dans une population non diabétique. Enfin, sans grande surprise, la même association existe dans la population générale avec une régime à base de fast-food, de soda sucré ou édulcoré, et c’est aussi la même chose pour un régime trop riche en sel.
À contrario, un régime à base de légume, de fibres, de céréales, de fruit, pauvre en graisse, diminue drastiquement la charge allostatique, et en général, améliore le syndrome métabolique.
Accès alimentaire & discrimination :
Mais pas seulement, une personne vivant une insécurité alimentaire (le fait de ne pas être sûr d’avoir accès à de la nourriture régulièrement) va connaître aussi des dysfonctionnements métaboliques. Une personne discriminée pour son surpoids ou son obésité double son risque de charge allostatique par rapport à une personne obèse non discriminée, ce qui pourrait aggraver le syndrome métabolique. Ainsi, les facteurs psychologiques ne sont pas à négliger.
Impact cérébral :
Une trop grande charge allostatique est associée avec des altérations de la matière grise des aires impliquées dans la régulation du comportement, les mécanismes de récompense, la cognition. Cette association est particulièrement marqué chez les patients obèses. C’est le cas de l’aire préfrontale, des gyri orbitofrontal, dorsolatéral, ventrolatéral, pour les patients obèses et/ou stressé.
On peut donc s’attendre à un impact sur le comportement du patient et sur la régulation de ces derniers. Quant à savoir qui de l’œuf ou la poule, il n’y a pas de réponse pour le moment.
L’inactivité physique
Plusieurs études ont montré qu’une importante activité physique permet de diminuer la charge allostatique et qu’à l’inverse, l’inactivité physique est associée avec une importante charge allostatique mais celle-ci varie selon l’origine du patient. Les américaines caucasiennes ont la charge allostatique la moins élevée, et les afro-américaines la charge la plus élevée. Les femmes américaines d’origine mexicaine sont dans une situation intermédiaire vis-à-vis de la charge allostatique. Cela montre que si l’activité physique a un bon effet sur la charge allostatique, le contexte psychosocial compte aussi beaucoup.
L’usage de drogue et de substance :
La consommation d’alcool est liée à d’importante charge allostatique, elle aura comme effet de diminuer celle-ci. De plus, si l’association du tabagisme avec la charge allostatique n’est pas démontrée, il en ressort qu’il agit comme un médiateur entre des adversité vécu de la prime enfance et l’augmentation de la charge allostatique. Il apparait notamment qu’au sein d’une population pauvre, une faible consommation d’alcool, de drogue, ou de tabac, est associé avec une forte charge allostatique.
Bien que ça puisse paraître contre-intuitif au vu des précédents résultats mais la consommation de ces substances va être un moyen pour un patient de diminuer sa charge allostatique. Ainsi, cela n’interdit pas qu’un comportement à risque puisse n’être pas la cause d’une haute charge allostatique mais parfois la conséquence.
Le sommeil :
Dernier point et non des moindres les troubles du sommeil sont liés à une augmentation de la charge allostatique. La privation de sommeil ne sera donc pas sans conséquence pour celle-ci. Cela aura pour conséquence de diminuer la production de cortisol et ce qui va perturber une des réponses au stress.
En conclusion :
Cette charge allostatique apparait comme un concept intéressant pour comprendre et gérer les facteurs à l’origine de pathologie chronique et de conduite à risque.
Source :
Suvarna B, et al, Health risk behaviours and allostatic load: a systematic review, Neurosciences and behavioural reviews, 2020, 108: 694-711.
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