Des chercheurs de l’Université libre de Bruxelles, ULB et de l’Université de Liège, ULiège marquent une avancée dans la compréhension de l’interaction entre les cellules immunitaires et les cellules cancéreuses, via la dérégulation de la machinerie épigénétique.
Chaque année, plus de 1,6 million de nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués. Le cancer du sein est une maladie très hétérogène, comportant plusieurs sous types connus, si bien qu’il convient en fait de parler d’un ensemble de plusieurs maladies. Depuis quelques années, des thérapies particulières et adaptées à ces différents sous‐types sont proposées et améliorent grandement l’efficacité de la prise en charge des patients. Malgré tout, certains sous‐types restent difficiles à traiter et il est plus que jamais essentiel d’approfondir notre compréhension des mécanismes moléculaires de ces cancers. Dans ce contexte, l’épigénétique, discipline qui étudie les mécanismes de régulation de nos gènes indépendamment de toute mutation de l’ADN, a ouvert de nouvelles perspectives de recherches.
Des chercheurs du Laboratoire d’Epigénétique du Cancer (Faculté de Médecine, U‐CRC, Université libre de Bruxelles), dirigé par le Pr. François Fuks, en collaboration avec l’équipe du Laboratoire de Biologie des Tumeurs et Développement, dirigé par le Pr. Agnès Noël (GIGA Cancer, Université de Liège) se sont intéressés à la régulation des cancers du sein. Leur étude a également impliqué des équipes de l’Institut Bordet (les Drs. Willard‐Gallo et Sotiriou) ainsi que de l’IBMM, ULB (Prof. Van Lint).
Objectif de l’étude?
Caractériser les enzymes TET, responsables d’une modification chimique de l’ADN, l’hydroxyméthylation. Ces enzymes importantes interviennent dans la régulation des gènes; elles étaient déjà connues pour leur rôle clé dans de nombreux cancers, y compris les cancers mammaires.
De manière importante, la nouvelle étude lève le voile sur un mode de régulation des enzymes TET: en présence de certaines cellules immunitaires dans la tumeur, les cellules cancéreuses perdent ces enzymes suite à une réponse immunitaire. Ce dialogue entre le système immunitaire et les cellules cancéreuses est particulièrement marqué dans un sous‐type distinctif, les cancers «basal‐like» qui restent à ce jour mal traités et constituent un défi majeur en oncologie mammaire. La perte des enzymes TET affecte le pronostic de survie des patientes et met en avant l’influence du système immunitaire sur les cellules cancéreuses. Plus encore, cette découverte a pu être étendue a plus d’une dizaine de cancers supplémentaires, tels que les cancers des ovaires, des poumons, de la thyroïde, ou encore le mélanome.
L’immunothérapie confirmée
Ces travaux, financés par un projet inter‐universitaire du Télévie, ainsi que par le FNRS et la Wallonie, ont donc permis de mettre en lumière un nouvel aspect de la régulation des cancers par les cellules immunitaires. La présence de cellules immunitaires dans les cancers conditionne fortement la réponse des patients à divers traitements, y compris les nouvelles immunothérapies. Le décryptage des mécanismes moléculaires impliqués dans le dialogue entre système immunitaire et tumeur pourrait donc amener à améliorer la prise en charge des patients.
Source : Université Libre de Bruxelles – (21/06/2018)
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