Une nouvelle étude, parue dans la revue Frontiers in Microbiology, révèle que les bactéries bénéfiques transmises par une mère à son enfant évoluent au fil du temps pour un meilleur apport au nourrisson.
Des espèces bactériennes bénéfiques jamais détectées auparavant dans le lait maternel. C’est le constat d’une étude menée au Canada et au Guatemala par une équipe de chercheurs de l’Université McGill de Montréal. Publiée dans Frontiers in Microbiology, l’étude note que ces bactéries pourraient stimuler le système immunitaire et le métabolisme des nourrissons.
Emmanuel Gonzalez, coauteur de l’article et bio-informaticien à l’Université McGill explique : « Nous avons remarqué que des espèces bactériennes présentes dans nos échantillons de lait maternel avaient une fonction commune de destruction de substances étrangères, ou xénobiotiques, qui pourrait jouer un rôle de protection contre des toxines et des substances polluantes ». La littérature scientifique savait peu de choses sur le rôle que jouent ces bactéries, qui protégeraient le tube digestif du nourrisson et auraient des effets bénéfiques sur la santé à long terme, notamment une protection contre les allergies.
La méthode de travail
Pour arriver aux résultats, l’équipe a porté son regard sur le lait de mères non apparentées vivant dans huit communautés guatémaltèques éloignées, mais distinctes avec peu de possibilités d’échanger des microbes entre elles.
La population des femmes a également été choisie parce que près de 100 % allaitent exclusivement ou majoritairement pendant 6 mois, conformément aux recommandations de l’OMS. Un chiffre élevé alors que la moyenne mondiale se situe autour de 41 % des mères qui allaitent pendant six mois. Pour l’environnement, il faut noter également que la population d’étude représente une cohorte de mères qui ne sont pas originaires d’un pays à revenu élevé, qui domine actuellement le champ de recherche. Les échantillons de lait ont été analysés et la composition du microbiote comparée à deux moments. Une première fois au début de la période d’allaitement, du 6e au 46e jour après la naissance. Une seconde fois à la fin de cette période entre le 109e et le 184e jour.
Pour l’outil d’analyse, les scientifiques ont eu recours à une technologie d’imagerie haute résolution, habituellement utilisée pour la détection de bactéries dans la Station spatiale internationale.
Comment interpréter les résultats ?
Deux constats. Le premier est un remodelage actif et continu du microbiote du lait tout au long de la lactation. Les chercheurs pensent « qu’il pourrait contribuer favorablement à santé du nourrisson ». Le second est que ces informations illustrent la nécessité d’étudier le microbiote et son évolution au sein de communautés sous représentées dans la recherche. Pour Kristine Koski, co-auteure et professeure agrégée à l’École de nutrition humaine de l’Université McGill, il faut étudier les microbiotes de diverses communautés pour comprendre les différences chez les humains. Et pour cause : « comme la plupart des études sur le microbiote du lait maternel ont été réalisées dans des pays à revenu élevé, nous avons un tableau incomplet des bactéries importantes transmises aux nourrissons », soutient la chercheuse.
Retrouvez l’ensemble des résultats de l’étude ici.