Une petite manipulation du pied par l’ostéopathe, un grand pas pour le patient ?

Il n’est pas rare de voir des patients venir dans les suites d’entorse. Il est parfois avancé que la manipulation de l’articulation talo-crurale permette au patient de récupérer toute sa dorsiflexion. Une équipe s’est donc occupée d’éplucher la littérature pour vérifier s’il existe des études montrant cet effet.

Ainsi, l’équipe a trouvé 3 études cliniques randomisées et contrôlées qui respectent leurs critères d’inclusion. C’est peu mais avant d’aller directement à une conclusion, analysons le contenu de ces articles.

Les protocoles proposés

Les groupes traités reçoivent selon les études :

Une manipulation HVBA unique talocrurale,

Une manipulation HVBA talo-crurale, avec des manipulations HVBA subtalaires et tibio-fibulaires proximales accompagnées d’exercice de renforcement,

Une séance dont le but est une manipulation HBVA pour décoapter l’articulation talo-crurale pouvant être répétée jusqu’à 8 fois sur un mois tant que le(la) patient(e) n’a pas ressenti un soulagement de ses symptômes.

Pour être comparé respectivement à un groupe contrôle plus ou moins placebo selon les études :

Une séance de durée égale allongée sur la table d’examen,

Une séance d’exercices de renforcement seul,

Un groupe recevant une séance d’ultrason placebo,

Qu’est-ce que ça donne ?

Il en ressort que la manipulation seule n’est pas plus efficace que de rester allongée sur une table d’examen sans bouger. De plus cela annule l’aveuglement du patient ce qui ajoute à un biais. En revanche, 1 à 8 décoaptation(s) sur 1 mois est plus efficace qu’une séance d’ultrason placebo. Enfin une séance comprenant plusieurs manipulations de l’arrière-pied et de la fibula associées à des exercices de renforcement est plus efficace que les exercices de renforcement seul. Ainsi, ce n’est pas particulièrement étonnant puisqu’une technique locale seule parait léger comme traitement pour avoir un effet important. Cela confirme l’importance de considérer l’ensemble du complexe de l’arrière-pied comme un tout pour obtenir un effet.

Cependant, le placebo choisi est discutable car l’intervention choisis diffère beaucoup du traitement manuel, et enfin le fait d’ajouter simplement une série de manipulation à un traitement classique et le comparer à ce même traitement, ne permet pas de mesurer la part d’effets non spécifiques.

Néanmoins, notons que les études s’intéressent aussi bien à la douleur qu’à l’aspect fonctionnel et à la perception du patient de son rétablissement. mieux, il faut retenir qu’un effet est constaté sur ces trois composantes.

En conclusion

Cette revue de littérature pointe des résultats intéressants qui mériteraient d’être étudiés davantage. Bien entendu, il existe des biais, le nombre d’étude bien qu’il s’agisse d’études cliniques randomisées et contrôlées, reste faible, et les protocoles peuvent être discutés. Mais, et il y a mais, elle met en évidence la nécessité de proposer un traitement logique par rapport aux segments mis en jeu dans une entorse, elle montre aussi les larges effets d’une prise en charge sur la plainte du patient.

Source :

Kreuger B, et coll, Does talocrural joint-thrust manipulation improve outcomes after inversion ankle sprain, Journal of sport rehabilitation, 2015, 24, 315-321.