Attribuable à une hypersensibilité du colon, en lien ou non à un trouble de motricité intestinale, le syndrome de l’intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle) se manifeste par des douleurs abdominales, une constipation, une diarrhée ou des ballonnements.
Ces symptômes peuvent être chroniques ou apparaitre sous forme de crises. Les patients confrontés au syndrome de l’intestin irritable (SII) ont souvent recours à des traitements complémentaires : ostéopathie, réflexologie, hypnose, méditation, etc. À travers une revue de la littérature, la docteure Pauline Jouet (Hôpital Louis Mourier, Colombes, AP-HP) a évoqué cette pratique lors des Journées francophones d’hépato gastro-entérologie et d’oncologie digestive (JFHOD) 2015.
Près d’un tiers des patients utilisent des traitements non conventionnels en plus des traitements habituels. « Le plus souvent de manière inappropriée et en passant d’une méthode à une autre », souligne Pauline Jouet. D’où la nécessité de mieux les accompagner dans leur choix. Selon une enquête menée en 2013 par l’association des patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable (APSSII), 33% des personnes touchées suivent aussi un traitement par homéopathie, 27 % choisissent l’ostéopathie, 15 % l’hypnose, 30 % la relaxation et 27 % l’acupuncture.
27 % choisissent l’ostéopathie
Le recours à l’ostéopathie dans le traitement de l’intestin irritable « part du principe qu’une perte de la mobilité du côlon peut être à l’origine d’une colopathie fonctionnelle », explique la gastroentérologue. Dans une étude hollandaise, 20 patients ont constaté une amélioration significative de leur qualité de vie après cinq séances d’ostéopathie [2]. Comparativement au traitement standard, les symptômes étaient davantage atténués avec l’ostéopathie. Une autre étude a confirmé ce bénéfice en comparant chez 31 patients les effets de trois séances d’ostéopathie avec des séances comprenant uniquement de légers massages [3]. « À un an, l’effet est significatif sur la diarrhée, les distensions, les douleurs et même sur la sensibilité rectale », a souligné Pauline Jouet. « L’ostéopathie aurait une répercussion sur le tonus sympathique ou sur les flux lymphatiques. Les essais sont encourageants, mais les bénéfices doivent être confirmés par de plus larges études », note la gastroentérologue.
En ce qui concerne l’acupuncture, plusieurs études ont évalué ses effets sur le SII, avec des méthodes et des durées variables, en se focalisant sur différents points, via une stimulation manuelle ou électrique. La réflexologie ne s’est pas montrée plus satisfaisante et dans le cas de l’hypnose, les études ont rapporté « une amélioration des symptômes dans 50 à 80 % des cas ». Les autres thérapies comportementales « reposent sur le fait que les symptômes entrainent une peur, une anxiété, à l’origine d’une hypersensibilité aux sensations viscérales. Ce qui peut amener à des conduites d’évitement, qui aggravent les symptômes ». Autre thérapie potentiellement efficace : la méditation en pleine conscience (mindfulness). Inspirée des techniques bouddhistes, « elle permet de se focaliser sur l’instant présent, sur ses sensations internes et ses perceptions », explique Pauline Jouet.
Références :
1. Jouet P, les traitements alternatifs dans le syndrome du traitement irritable, JFHOD, 20 mars 2015.
2. Hundscheid H, Pepels M, Engels L, Treatment of irritable bowel syndrome with osteopathy: results of a randomized study, Journal of gastroenterology and hepatology, Vol 22, issue 9, pp 1394-1398, oct 2007
3. Attali TV, Bouchoucha M, Benamouzig R, Treatment of refractory irritable bowel syndrome with visceral osteopathy: short-term and long-term results of a randomized trial, Journal of digestive diseases, Vol 14, issue 12, pp 654-661, déc 2013.
Source : www.medscape.fr (9 avril 2015)