Les douleurs musculo-squelettiques diffuses concernent tout type de patient. Quels que soient son âge, son sexe, son poids, sa condition physique, etc. Sans causes structurelles apparentes, rechercher un diagnostic précis se révèle souvent infructueux. Une nouvelle approche de ce problème de vient nécessaire . Laquelle ?
Par Mathieu Schlachet, ostéopathe, Jérémie Cogan, étudiant en ostéopathie, et Reza RC.
Phillip Beach, ostéopathe et acupuncteur néo-zélandais, propose une approche novatrice permettant une lecture cohérente et globale de ces douleurs*. Si l’on ne peut pas caractériser leur origine, alors pourquoi ne pas chercher une autre vision de ces douleurs ? Par l’observation du mouvement Phillip Beach nous propose aujourd’hui un concept qui permet d’envisager le corps humain sous un angle différent. Il s’est intéressé à la forme du corps humain en observant tout particulièrement sa « modulation cohérente » lors du mouvement et pendant les phases de repos. Il a étudié les capacités de ses patients douloureux à adopter certaines postures à travers des mouvements pour s’asseoir par terre et se relever. Il a appelé ces positions « postures archétypales », car elles sont utilisées depuis le début de l’histoire de notre espèce pour vivre au sol et nous reposer. Il s’agit de toutes les positions assises au sol : en tailleur, jambes écartées, etc. Dès la naissance, nous utilisons ces postures et mouvements archétypaux pour nous déplacer au sol, y rester, nous en relever et y revenir. La répétition quotidienne de ces mouvements et postures est selon Phillip Beach le mécanisme intrinsèque de l’autorégulation de notre biomécanique. Celui par lequel les tensions de notre corps s’accordent de façon optimale.
Oublier les distinctions anatomiques classiques
Pour aller de ces positions assises à la position érigée de manière harmonieuse, le travail physiologique est d’une complexité impressionnante. Observer ces mouvements permet donc d’évaluer tout le corps d’un patient. La palpation qui suit est également très globale. Elle est particulière car elle s’intéresse aux structures anatomiques par rapport à leur appartenance respective aux différents territoires cellulaires de l’embryon : l’ectoderme, le mésoderme et l’endoderme. Les distinctions anatomiques classiques ne sont plus prises en considération.
Cette continuité tissulaire entre chaque partie de notre corps correspond à la dynamique d’émergence des bourgeons embryonnaires à partir desquels vont croître les membres périphériques dont les pieds et les mains seront les organes sensoriels. À l’état normal, toutes ces régions sont indolores et agréables au toucher. Lorsqu’une dysfonction d’un membre supérieur s’installe, elle concerne un ensemble de tissus allant jusqu’au sternum lui-même. Des apophyses et des bords osseux faciles à palper émergent à la surface du corps. Des douleurs y seront souvent présentes, expression du dérèglement tensionnel d’un champ contractile.
Cet abord embryologique de l’anatomie est très intéressant pour tous les thérapeutes manuels. Il permet une palpation plus large, plus confortable, plus englobante et plus porteuse de sens pour le patient.
Toute douleur diffusera dans l’ensemble du corps
Lors des consultations, les patients ont l’impression que le traitement se diffuse en « étalant la douleur et les tensions ». Appuyer sur le méridien estomac au niveau de la cuisse par exemple est un fulcrum très puissant qui permet de travailler la rotation interne de l’ensemble du membre inférieur. Pour Phillip Beach la douleur d’un patient, même localisée à un endroit, concerne l’ensemble de la structure ou des tissus et génèrera des attitudes antalgiques. La médecine relie quant à elle les causes des douleurs musculo-squelettiques diffuses à des étiologies multiples :
– le mode de vie,
– les conditions de travail,
– le degré de sollicitation et de récupération du corps,
– des activités physiques inadaptées (port de charge),
– des variables en fonction du sexe et de l’âge,
– des facteurs aggravants d’ordre psychosocial et l’état de santé général,
– la biomécanique.
Phillip Beach observe plutôt un dénominateur commun à toutes ces douleurs : la perte « d’aise » dans les postures archétypales de repos. Le degré d’aise dans les postures archétypales permet alors d’évaluer « le bon réglage » du système musculo-squelettique de chacun. Notamment la posture accroupie. C’est le « dérèglement » et la fréquence des douleurs musculo-squelettiques diffuses ainsi que l’usure ostéo-articulaire qui conduisent par exemple à la pose de prothèse.
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