« Tout est un flux perpétuel, tout animal est plus ou moins Homme, tout minéral est plus ou moins une plante, toute plante est plus ou moins animale, il n’y a rien de précis dans la nature », écrit Diderot dans Le rêve de D’Alembert, un dialogue délirant rédigé en 1769.
Alors qu’on ne cesse de parler de continuité tissulaire et de globalité dans les pages d’Ostéomag, cette phrase nous pousse encore plus loin dans la perception d’une unicité. À travers le prisme de la nature, les barrières s’effacent et l’humain devient un animal comme les autres. Une nouvelle ostéopathie se dessine alors. Elle embrasse le règne animal sans distinction d’espèces. Elle s’autorise des explorations thérapeutiques et replace l’animal au centre du soin. Et l’on retrouve chez les ostéopathes animaliers cette bienveillance ancestrale du vivant sur le vivant. Finalement, l’ostéopathie animale soigne l’Homme et l’éclaire d’une réalité qu’il a oubliée : il fait partie d’un tout. Car « dans un monde entièrement fait pour l’Homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus place pour l’Homme […] Nous ne réussirons jamais à faire de nous entièrement notre propre œuvre », prophétise Romain Gary dans sa Lettre à l’éléphant *.
S’intéresser à l’ostéopathie animale c’est donc un prolongement logique de nos reportages sur l’ostéopathie « humaine ». Et ce deuxième voyage dans le monde de l’ostéopathie animale** nous éclaire davantage sur une pratique en plein essor et en résonnance avec notre époque. Une époque qui s’empare de la question du bien-être animal avec conviction et détermination. Les ostéopathes animaliers sont des passionnés. Leur détermination dépasse la simple dimension thérapeutique car pour certains l’ostéopathie est un atout pour faire évoluer une société envoûtée par la productivité.
« On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux y sont traités », disait Gandhi. Avec l’ostéopathie animale, les Hommes se grandissent et l’universalisme de la nature se précise. « Dans une société, vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs », relevait Romain Gary*. Merci aux ostéopathes animaliers de continuer à nous gêner…
par Reza Redjem Chibane
Rédacteur en chef et directeur de la publication d’Ostéomag
* Lettre à l’éléphant de Romain Gary publié dans Le figaro Littéraire, mars 1968.