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Le modèle Bio-Psycho-Social simple supplément d’ empathie ou véritable modèle ?

Ce modèle n’est pas récent en soit mais il reste mal compris et mal employé en clinique. Pour un certain nombre de praticien, dans la pratique il se résume à un petit supplément d’empathie optionnel. Il renvoie aussi parfois à l’idée qu’il s’agit d’un aspect « psy » renforçant l’idée que c’est dans la tête, voir même, comme entendu parfois que « l’ostéopathe n’est pas un psy et que ça n’est pas son domaine » (oubliant au passage l’aspect « holistique » dont la profession a fait son crédo et un élément de son identité professionnelle).

Il faut bien comprendre que le corps humain n’est pas uniquement sa génétique. En effet, il est plongé dans un environnement qui influe sur l’aspect relationnel ou émotionnel par exemple. Ainsi, cela n’est pas sans conséquence au niveau de neurologique en sélectionnant par renforcement/élimination de circuit neuronaux. Mais pas seulement, au niveau cardiovasculaire, le rôle du stress dans la pathogénie ou l’entretien de pathologies n’est plus à démontrer. Pour autant le modèle biomédical classique néglige cet aspect et cela se traduit dans certains algorithmes. Ces derniers négligent le stress dans l’évaluation du risque (ex : algorithme de Framingham pour le risque coronaire). Cela nous prive d’outils diagnostiques cruciaux dans la pratique courante.

Le modèle biopsychosocial est utile:

Le modèle biopsychosocial nous permet de mieux cerner les facteurs qui vont conditionner le passage à la chronicité de la douleur.  Ainsi, l’aspect biomécanique est bien en peine pour expliquer cela quand les examens ne mettent pas en évidence de lésion tissulaire. Les croyances du patient telles que:

  • Sa capacité à reprendre une vie normale,
  • La peur d’exécuter certains mouvements jugés dangereux (à tort) par le patient,
  • Le fait de considérer son corps comme fragilisé,
  • Le fait de le considérer comme à risque de s’abimer,

… sont bien plus lourdes de conséquences dans ce cadre. D’ailleurs cela renvoie à l’effet nocebo ou placebo que peut avoir le discours du thérapeute (ce qui avait été abordé dans un précédent article de l’ostéopathe magazine n°32). Évidement, un modèle qui prend en compte les attentes du patients est apprécié et appréciable. Pour autant, il ne s’agit pas que d’empathie.

Mais dans la pratique qu’est ce que cela change par rapport au modèle biomédical classique ?

Il y a deux conséquences.

La première est que la recherche des déterminants des pathologies s’avère beaucoup plus large. Le praticien ne perd pas de vu que le patient ne peut pas être compris en dehors de son environnement. L’examen clinique ne sera pas seul suffisant pour estimer l’évolution de la pathologie et de ses symptômes. Les attentes, les croyances, les relations, le contexte social, culturel et professionnel du patient devront faire partie de la grille d’analyse du patient au même titre que l’évaluation de sa mobilité, de sa fonction, ou de sa douleur. Cela doit encourager à un travail interdisciplinaire et à l’échange interprofessionnel afin de permettre l’action la plus large possible.

La seconde conséquence est qu’il faut une participation active du patient pour changer ses croyances (peur du mouvement, par ex). Une prise en charge passive dans laquelle le patient vient recevoir « ses manip’ » comme il prendrait un antidouleur. Il faut confronter la vision de la maladie du patient aux données actuelles afin de l’aider à la changer progressivement en limitant les dissonances cognitives. Il s’agit d’une véritable éducation thérapeutique du patient.

Mais, il n’est pas sans limite:

La principale limite de ce modèle est que celui reste réductionniste et sépare en trois familles les facteurs à l’oeuvre. Le nombre de facteur pris en compte reste encore limité par rapport à l’ensemble des facteurs potentiellement influents.

En courte conclusion:

Ainsi, il ne s’agit pas uniquement d’empathie. Il s’agit plus d’un changement du cadre de réflexion et de la prise de décision clinique. Ce dernier, par sa prise en compte du patient dans son macrocosme, apparait tout à fait holistique et dans le cadre philosophique de l’ostéopathie.

Source:

Berquin A, Le modèle biopsychosocial : beaucoup plus qu’un supplément d’empathie, revue médical suisse, 2010, 6 : 1511-3.

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